un système modulaire adaptable et évolutif

De son côté, Étienne Robial utilise le principe de construction dans l’élaboration du nouvel habillage télévisuel de Canal+. C’est une chaîne de télévision qui se veut audacieuse et désinvolte pour l’époque. Ainsi lors de la construction de son identité visuelle, Robial vise à la rendre identifiable en la codifiant. Pour cela, il retourne aux fondamentaux du graphisme que sont la forme, la couleur et la typographie.
Puis, en 1994-95, Robial retravaille les génériques de la chaîne à partir d’un système simple de grille de composition modulaire à 9 cases, dans laquelle des rectangles de couleurs de dimension 4/3 viennent s’agencer. Les couleurs des rectangles respectent la gamme chromatique définie : Le noir et le blanc avec un assortiment de six couleurs (bleu, jaune, orange, rouge, vert et gris). À l’aide de cette gamme chromatique, il va composer 64 duos d’accords colorés utilisés pour gérer l’association des couleurs des génériques. Il en découle donc un système de combinaison à 16 millions de possibilités qui laisse place à l’aléatoire dans les jeux de composition de la grille. Étienne Robial veut également que chaque programme possède sa propre typographie, donnant une identité encore plus fournie et multiple à ses génériques. L’addition des principes énoncés évite la répétition, empêche la mémorisation et la lassitude visuelle du téléspectateur. De ce fait, il sera toujours surpris et stimulé visuellement.

Il faut aussi considérer le fait que la chaîne est diffusée dans 11 pays avec des budgets inégaux. Ce que parvient à conjuguer ce nouveau principe de générique car il convoque peu de ressources et est donc économique en temps et en argent. Il rappelle les Legos et ces pièces détachées donnent à ces pays la faculté de s’amuser avec ce système de combinaison en l’adaptant à sa culture et ses coutumes sans dénaturer ou déformer le matériau initial. Grâce à ce système ludique, didactique et facilement manipulable par d’autres, on peut maintenir la cohérence de la marque Canal+ sur plusieurs échelles. Mais aussi arriver à évoluer sur une longue période, en modifiant les règles de composition des rectangles comme en 2003 (par juxtaposition et superposition) et s’adapter aux nouvelles technologies comme le passage de l’analogique au numérique en 1992. On peut alors considérer le principe de construction d’Étienne Robial comme étant souple, évolutif, intemporel et presque constructiviste.